Marius Mauduech

Marius Mauduech, maquisard au Boscodon

Réfractaire au STO, il rejoint le maquis du Boscodon à la Pentecôte 1943. Il échappe aux balles allemandes, mais fait partie des raflés du Boscodon. Il survivra au camp de Nuengamme. Il meurt dans un accident de voiture vers le pont de Savines en 1995.

Quand, au cœur de mes 20 ans, sonna l’heure d’un choix dramatique entre l’exil en terre ennemie prescrit par l’occupant et les tenants du pouvoir en place, et la clandestinité au pays et ses incertitudes, c’est sans hésiter que j’optais pour cette dernière solution, encouragé en cela par mon voisin et ami, Marcel Imbert.

J’eus bientôt ma place dans ce maquis que ce dernier allait constituer dès le printemps 1943, sur les hauteurs de Boscodon (1).

Marius Mauduech lors d’une cérémonie. Image colorisée à partir d’une photo de Roger Cézanne.

Suite à une imprudence, Marius Mauduech fuit sous la mitraille allemande :

J’allais en faire la triste expérience un matin de février 1944, où n’ayant pu résister à la tentation de venir passer une nuit chez moi, je me suis retrouvé quasiment nez à nez au petit jour avec une patrouille allemande venue enquêter dans le hameau.

Fuite de Marius Mauduech à Beauvillard

Je trouvais mon salut dans une fuite éperdue à travers champs et broussailles sous le feu des balles ennemies. Miraculeusement, aucune ne devait m’atteindre, mais c’est dans un triste état que j’arrivais à Boscodon, réconforté par mes camarades un temps incrédules au récit de mon aventure. Mais l’alerte était donnée, le repli en lieu sûr ordonné sur-le-champ. Il n’y eut heureusement aucune suite à cet épisode mouvementé, hormis pour moi quelques ennuis de santé (1).

Marius Mauduech est alors soigné par un médecin juif réfugié dans le maquis : le docteur Fallik.

Aux côtés de son camarade Georges Pianfetti,  Marius Mauduech reçoit la légion d’honneur des mains du général Eymin, le 2 juin 1985. Photo Roger Cézanne.

Son témoignage sur la rafle du Boscodon :

J’allais avoir, hélas ! moins de chance quelque temps plus tard, au matin du 16 mai 1944, où je fus surpris sur le chemin par le détachement de mercenaires conduit par le traître, venu investir Boscodon. C’est alors, sans aucun ménagement, on s’en doute, que je fus incorporé au groupe de captifs. La suite, on la connaît et le long calvaire commençait.

Les raflés du Boscodon descendent vers Pont-Rouge. Dessin Bernard Brabant

L’internement, les interrogatoires, l’interminable déportation en wagon à bestiaux à travers l’Allemagne, la misère du camp d’extermination de Nuengamme, fut comme pour mes infortunés compagnons [Louis Liotard, Nicolas Martial… ], le triste lot des longs mois qui suivirent.

Sans avoir jamais totalement perdu espoir, j’eus la chance immense de survivre à l’enfer et de revoir mon pays (1).

Roger Cézanne raconte même que c’est Marius Mauduech qui est allé à la rencontre du groupe descendant Boscodon lors de la rafle… par curiosité. Il ne s’était pas rendu compte que ses amis étaient captifs…

Le 8 août 1995, Marius Mauduech meurt dans un accident de voiture près du pont de Savines. Il était titulaire de la Légion d’honneur, de la croix de guerre 1939-45 avec palmes et de la Médaille Militaire.

Dessins Bernard Brabant


Mise à jour le 11 mai 2022

En savoir plus

Nuengamme des camps de mort par les travail. Plusieurs raflés de Boscodon y furent déportés avec Marius Mauduech. Martial Nicolas y trouva la mort.

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