Bombardements dans l’Embrunais

Le 19 août 1944, le pont sur la Durance et le viaduc de Bamafran sont bombardés pour préparer la libération d’Embrun… Mais les Allemands s’étaient déjà enfuis.

Samedi 19 août 1944, c’est jour de marché à Embrun. 26 bombardiers (des B 26 Marauders) passent sur la ville. Ils sont partis à 6 h 43 de Villacidro en Sardaigne. À 8 h 57 ils larguent 70 bombes de 500 kg pour détruire le viaduc de chemin de fer de Bamafran à Châteauroux. 6 des 12 arches sont détruites. La majorité des bombes sont éparpillées aux alentours heureusement sans habitations.  Tous les bombardiers sont de retour à 11 h 03 sur leur base de départ.

19 Août 1944 Le viaduc ferroviaire de Bramafan du côté de Châteauroux vient d’être bombardé. Image colorisée.

À 9 h 28, le même jour, 29 autres bombardiers américains déversent 112 bombes de 500 kg pour détruire le pont de La Clapière à l’entrée d’Embrun.  1 seule touchera l’objectif.

Noël Bagagli-Roux, alors enfants raconte ce qu’il a vu des Orres :

Je vois des points noirs qui remontaient la vallée, et tout de suite j’ai compris que c’était des avions(…) Tout d’un coup, je vois des petits points noirs qui tombaient de l’avion. Je me dis : « Oh ben tiens, il y a des trucs qui tombent aujourd’hui ». Mais dans les 4 secondes qui ont suivi, je me suis retrouvé paralysé, et presque par terre de la déflagration.

La Résistance achèvera la besogne la nuit suivante. Ce bombardement fera 3 victimes, dont 2 femmes qui jardinaient dans les environs et 1 blessé grave, le père Fortoul du Liou qui sera amputé d’une jambe.

Le pont de la Clapîère, principal pont routier d’accès à Embrun en venant de Gap vient d’être bombardé. Image colorisée.

Les bombardiers partis à 7 h 03 de Decimomanu en Sardaigne rentreront tous à leur base à 11 h 27.

Ces évènements sont relatés en détail par Roger Cézanne dans sa Monographie (1) avec cette anecdote :

(…) Je citerai le cas d’une de nos compatriotes, Mademoiselle Truchet du village partie vendre des œufs à Embrun. Se trouvant en ville lors du 1er bombardement, elle serait partie précipitamment en disant : « Je ne veux pas mourir à Embrun », mais elle allait se trouver de fait, moins de 1/2 heure après, sur le pont [de la Clapière] juste au moment du déluge de feu., et s’en sortira indemne, quitte pour une belle frayeur. (1)

La villa des Roses, à proximité du Pont de la Clapière a résisté, mais avec quelques dégâts. Image colorisée.

La Résistance devait être informée de cet évènement puisque Georges Mallet, cadre de la Résistance, mari de l’institutrice du Bois, aurait conseillé à une voisine qui se rendait en vélo à Embrun de ne pas s’y rendre.  (1)

On peut s’interroger sur l’utilité de ces opérations. Au moment des bombardements, les Allemands avaient déjà désertés. Détruire les ponts a pour le coup entravé l’avancée des troupes alliées qui a du passer avec tout son matériel par la périlleuse route des Puys.

Le discours officiel sera de dire qu’il fallait absolument couper toute possibilité de repli sur Gap des commandos Mongols basés dans le Briançonnais, dont la férocité légendaire avérée, n’avait en fait d’égale, que la faiblesse de leurs effectifs.(1)

De fait ces Mongols seraient remontés vers le Briançonnais peu avant le coup de main des Eaux-douces. Ils auraient longuement perquisitionné à Savines la maison de Monsieur Serres (aujourd’hui faisant partie de la maison Pavie), sans retrouver les armes que son fils Paul-Émile Serres avait cachées dans son jardin.

A noter qu’en 2005, une bombe non explosée fut retrouvée dans la Durance par un pêcheur. 800 personnes seront évacuées le temps pour les démineurs d’agir.

Ancienne gare de Prunières

L’ancienne gare de Prunières, avant qu’elle ne soit bombardée. Ce qui se serait produit également le 19 août 1944. Carte postale

Ce même jour, la gare de Prunières aurait été bombardée.

En marge des bombardements, un avion s’est crashé à Prunières, un autre en diffficulté a largué ses bombes sur le Morgon. Roger Cézanne était tout proche.


Mise à jour le 17 février 2021

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